vendredi 17 juin 2016

Une brique de plus dans l'histoire de la vie de la mère de Jean Genet.

Tout le monde connaît le principe de la nouvelle d'Edgar Poe, La lettre volée. Ce que l'on cherche et que l'on croit bien caché se trouve peut-être devant vous. Pour ceux qui se demandaient où vivait la mère de Jean Genet avant qu'elle vienne à Paris accoucher à l'hôpital Tarnier, l'information se trouvait sous les yeux de tous lors de l'exposition du MUCEM, "Jean Genet, l'échappée belle".

Dans une des vitrines, se trouvait la page de garde du dossier de secours créé suite à la première demande de Camille Genet en février 1911. Ce document a déjà été exploité par Albert Dichy et Pascal Fouché dans leur ouvrage Jean Genet, matricule 192.102. Il était exposé à la vue de tous. Il est reproduit dans le catalogue, où je l'ai photographié.

Que voit-on ?



Dans la rubrique : "Domicile actuel de la mère", on voit qu'elle  vivait depuis 6 mois au 1 rue Broca, à l'hôtel, ce qui a déjà été publié. Dans la rubrique : "Domiciles antérieurs remontant au moins à un jour.  Durée de séjour à chaque domicile.", on lit cette simple mention : "Varennes". Certes, de façon brute, cette information est difficilement interprétable. Il y a de nombreux lieux s'appelant Varennes en France. On compte pas moins de 33 communes contenant Varennes dans leur nom, dont 8 qui s'appellent simplement Varennes. En revanche, lorsqu'on sait qu'en 1910, Marie Genet, sœur de Camille Genet (la demi-sœur, pour être précis) et son mari Maurice Martin (connu sous le nom de Martin Van Maele) vivaient depuis 1904 à Varennes, en Seine-et-Oise, on peut conclure sans grand risque d'erreur que Camille Genet vivait à Varennes auprès de sa sœur et de son beau-frère. Dans quelle condition ? Cela reste à déterminer. Vivait-elle chez eux depuis le décès de sa mère en 1904 ? Mais, on ne la trouve pas recensée avec eux en 1906. Vivait-elle proche d'eux, travaillant déjà comme lingère ? Cela reste à déterminer.

La commune de Varennes en Seine-et-Oise  s'appelle maintenant Varennes-Jarcy, dans l'Essonne.

Peu à peu, par cette simple mention, une brique de plus dans l'histoire de la mère de Jean Genet se met en place.

Maison où vivait Maurice Martin et Marie Genet de 1904 à 1926 à Varennes-Jarcy.

La morale de l'histoire : " Quand les informations sont visibles par tous, encore faut-il les voir."

vendredi 3 juin 2016

Quand un simple mandat renvoie à l'histoire des origines de Jean Genet



En ce mois d'août 1910, Philibert Genet signe un mandat à Lyon. Son activité de fabrication de cartons bitumés pour toiture est en pleine expansion. Il vient d'acquérir de nouveaux terrains à Lyon pour y construire une maison et des entrepôts. Au même moment, sa plus jeune sœur (demi-sœur pour être précis), Camille Genet est enceinte. Quelques mois plus tard, elle donnera naissance à Jean Genet, seule, dans une clinique parisienne. Encore quelques mois plus tard, elle sera obligée de l'abandonner. Elle pousse alors ce cri de détresse : « Je suis seule, absolument seule, j'avais un ami qui m'a laissée seule et n'étant pas le père de mon enfant je ne peux rien lui demander. Il me reste en poche 3 f. et quelques sous. »

En trouvant ce mandat sur internet, c'est un peu du mystère de l'histoire familiale de Jean Genet que l'on touche du doigt.

Pour donner quelques éléments (que l'on retrouve dans mon article), Philibert Genet est né en avril 1859, à Virieu-le-Grand (Ain), berceau de la famille. Lorsque la famille se disperse suite à la faillite du père, il habite d'abord Roanne, puis, après son service militaire, il s'installe à Paris en 1881. Lorsque sa dernière sœur Camille naît en 1888 à Lyon, il est lui-même père d'une petite fille depuis quelques mois. En dehors d’éventuels rassemblement de la famille (peut-être à occasion du décès du père en 1892) et de la période 1890-1892 où toute la famille se retrouve à Paris, Philibert Genet et Camille n'ont jamais vécu sous le même toit. Alors que Camille reste vivre avec sa mère Clotilde dans le quartier de la rue de Sèvres à Paris, Philibert vient s'installer à Lyon vers 1897 et fonde une entreprise de fabrication de cartons bitumés pour toitures. Cette activité se développe. Il achète un terrain en 1906, rue des Girondins, à l'angle du quai de la Vitriolerie, dans le 7e arrondissement où il fait construire une maison et des entrepôts. Ils sont représentés sur ce mandat.


La maison et les entrepôts existent encore. On constate que la maison est inchangée depuis cette époque.


Philibert Genet est mort dans cette maison le 5 mai 1935. Il jouissait alors d'une certaine aisance.